Agnès TEYNIE, directrice de l’iffeurope, a validé en juin sa thèse de doctorat. Son sujet ?

LE SAISISSEMENT. Vers un renouvellement de la manière d’habiter le monde ?

Ce travail se trouve éminemment relié à son expérience à l’iffeurope.

Interview de notre nouveau docteur !

Agnès, tu as soutenu une thèse de doctorat début juin, peux-tu nous en dire plus ?

Avec grand plaisir ! J’ai effectivement soutenu une thèse de Doctorat en Éducation, Carriérologie et Éthique, à l’Université Catholique de l’Ouest. J’ai vécu une aventure passionnante pendant cinq ans, au sein d’une cohorte de doctorants, qui sont tous des professionnels en activité : quelle richesse dans nos partages d’expérience et de pensée !

 

Personnellement, je me suis intéressée à un phénomène particulier : le Saisissement.

De quoi s’agit-il ? Ce terme décrit un événement que rien ne semble annoncer, qui surgit et ouvre de nouvelles perspectives de vie à celui qui l’expérimente.

J’ai voulu comprendre ce phénomène, la façon dont il s’effectue, et ses effets dans le temps. Si celui-ci contribue au déploiement de la capacité d’agir du sujet, ses effets peuvent aussi se lire au prisme des notions de conversion, de convocation, voire de vocation. En ce sens, le saisissement se révèle comme une source vive, qui vient susciter le sujet dans sa manière singulière de contribuer au monde.

Selon toi, quels sont les 3 points forts de ton travail ?

Ah ! Bonne question (rires)

 

Premièrement, j’ai souhaité inscrire ma recherche dans d’intenses préoccupations contemporaines. Je me suis donc tout d’abord intéressée à la difficulté pour le sujet contemporain d’habiter le monde. En effet, ce dernier se trouve affecté par les logiques d’accélération, de captation des ressources, de toute-puissance, et plus largement la fragilisation du monde par l’entrée en Anthropocène. Il se trouve éprouvé dans son rapport à lui-même, à l’autre et au monde. J’ai exploré en quoi le saisissement pouvait venir revitaliser le sujet dans sa manière d’habiter le monde, dans les dimensions personnelle, relationnelle et contributive.

 

Deuxièmement, j’ai travaillé à développer un concept neuf dans le champ de la philosophie et des Sciences Sociales et j’ai cherché à clarifier les proximités et différences avec des notions proches, telles que l’événement, ou la résonance. J’ai donc déployé toute une grille conceptuelle pour penser ce qui se joue dans le saisissement. Trois récits approfondis viennent illustrer et éclairer ce qui se joue à travers ce phénomène, et donnent chair au concept. Ce fut passionnant de récolter et analyser ce matériau biographique !

 

Troisièmement, j’ai relié cette recherche à notre champ professionnel : celui de l’éducation et de la formation. Le saisissement apparaissant comme une source vive, tant pour le sujet qui l’expérimente que pour les collectifs, une question s’est imposée : comment le favoriser au profit du bien commun ? Cette interrogation amène à penser non seulement une éducation à la résonance comme propice à l’émergence d’un tel phénomène, mais aussi les conditions appropriées pour soutenir son déploiement dans le temps. La dernière partie de cette thèse a une portée très pratique.

En quoi ce travail présente-t-il des liens avec l'iffeurope ?

L’iffeurope constitue la terre matricielle de ma recherche. Ce sont les centaines de récits de vie entendus, et toute l’expérience formative de cette école qui sont m’ont mis sur la voie de ce sujet. En effet, à l’iffeurope, nous travaillons sur les questions d’orientation, de vocation, de contribution au monde, tel qu’il est, avec ses enjeux. J’ai finalement réalisé un travail de synthèse de 22 années d’engagement dans cette école, à travers la fine pointe du saisissement.

Les membres de l’équipe présents à la soutenance m’ont reflété combien ce travail les aidait à penser notre action éducative.

 

Un petit mot pour conclure ?

Le travail de la pensée à travers cette aventure doctorale m’a passionnée. Je suis heureuse de contribuer ainsi à l’œuvre d’enracinement de ce projet éducatif si unique qu’est l’iffeurope, et qui a tant de valeur. Je m’inscris pour cela dans l’héritage des directeurs précédents (François Prouteau et Nathanaël Wallenhorst) qui ont avant moi porté leur pierre à l’édifice de cette façon.

Merci !