Etudiant du programme OPEN il y a plus de vingt ans, Martin Bacot est aujourd’hui architecte en chef des monuments. Il nous raconte sa trajectoire et comment OPEN l’aide encore aujourd’hui dans ses responsabilités.

Tu as rejoint le programme OPEN en 1999-2000. Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’a poussé à frapper à la porte de notre école ?

Pour moi c’est une évidence. L’année à OPEN m’a aidé à fonder très profondément en moi le choix et le sens de mon engagement professionnel. Par tempérament, je ne cesse pas de questionner ce choix,  mais cet ancrage premier subsiste et fonde ma vocation au quotidien.

Ce regard traduisait une confiance, une liberté et une bienveillance extraordinaire.

Quel est le meilleur souvenir de ton passage à l’IFF Europe ?

S’il y a une chose que je retiens plus que tout, c’est le premier jour du cursus : un regard, celui d’un étudiant de la promo précédente  – devenu depuis un ami –, qui nous avait parlé de la façon dont son année l’avait transformé. Ce regard traduisait une confiance, une liberté et une bienveillance extraordinaire. J’ai pensé : si cette année nous fait sortir comme ça, c’est qu’il se passe quelque chose dans cette école !

OPEN m’a appris à essayer, sans être bloqué ni par l’obligation de réussir, ni par la peur de ne pas réussir.

Qu’as-tu fait après l’IFF Europe ?

Après OPEN, j’ai suivi un cursus de six ans à l’école d’architecture de Versailles, dont un an d’Erasmus à Rome, année fondatrice. Diplômé, j’ai travaillé en agence à Paris puis à Lyon. Là, tout s’est enchaîné : j’ai repris des études spécialisées en restauration du patrimoine à l’Ecole de Chaillot (2013-2015). C’était passionnant. Un concours s’est alors ouvert en 2015 pour recruter des architectes en chef des monuments historiques (ACMH), qui interviennent sur les monuments de l’Etat : cathédrales et domaines nationaux. J’ai passé ce concours dans l’idée que ce serait surtout formateur. De ce point de vue, l’année à OPEN m’a appris à essayer, sans être bloqué ni par l’obligation de réussir, ni par la peur de ne pas réussir. J’ai été reçu et me suis alors associé avec les fondateurs de l’agence Archipat où je travaillais, et avec qui s’était constituée une véritable communauté d’esprit, pour pouvoir répondre à ces nouvelles responsabilités en m’appuyant sur une expérience collective, car on n’exerce pas seul.

Tu es donc aujourd’hui architecte en chef des monuments historiques ?

Oui, je suis nommé actuellement pour les départements du Jura, de la Côte d’Or, du Rhône ainsi que pour un monument parisien, l’abbaye du Val-de-Grâce, tout en continuant à travailler pour des maîtres d’ouvrage privés ou des collectivités locales.

Notre société a besoin de projets et de récits qui soient à la fois collectifs, concrets et spirituels.

Ça doit être passionnant !

Effectivement ! Ce métier est d’une diversité et d’une richesse qui me nourrit sans cesse. Nous œuvrons avec une motivation chevillée au corps : conserver et faire vivre notre patrimoine. Parce que c’est un legs précieux, un lien avec notre passé et une trajectoire pour le futur, un domaine où l’intelligence de la main rejoint celle de l’esprit, qui nous relie aussi collectivement les uns et les autres, et transcende nos petites vies. Notre société a besoin de projets et de récits qui soient à la fois collectifs, concrets et spirituels.

Ton passage à OPEN t’aide-t-il encore dans ton métier et tes responsabilités ?

OPEN m’a offert une ouverture prodigieuse par les échanges et savoirs transmis dans des domaines très variés, mais aussi par la rencontre avec les personnes de cursus, de milieux, de sensibilités et de talents très divers avec qui j’ai partagé cette année. Cette année m’a ouvert, m’a sorti de la vision forcément limitée et formatée dont on hérite de son seul milieu d’origine. Aujourd’hui mon métier d’architecte me fait travailler en permanence avec des personnes et des milieux très divers, du responsable politique au chercheur universitaire en passant par le restaurateur d’art et le monde du BTP. Mon rôle d’architecte n’est pas que technique, il est aussi d’assurer le liant et le moteur d’un projet collectif, donc d’être capable de trouver un langage commun avec chacun.

Si vous êtes fondés en vous-même, la peur n’aura plus de prise et vous réaliserez ce que vous êtes appelés à réaliser.

As-tu des conseils pour les étudiants inscrit à l’IFF Europe cette année ?

La période n’est pas facile pour les étudiants aujourd’hui. Je reprendrais volontiers une des paroles les plus fortes que j’ai entendues adressée à la jeunesse : « N’ayez pas peur ! » Vivez cette année pleinement ! Ce n’est pas très important si, à la fin d’une année comme celle-ci, toutes les questions n’ont pas de réponses. Il ne s’agit pas de boucler en un an une réorientation pour faire bien sur le papier : il s’agit de trouver l’orientation qui existe déjà en vous, et qui vous guidera dans toute votre vie. Allez chercher en vous votre socle, votre moteur intérieur, ce qui vous anime profondément ; si vous êtes fondés en vous-même, la peur n’aura plus de prise et vous réaliserez ce que vous êtes appelés à réaliser.